« On ne peut montrer le chemin à celui qui ne sait où aller. » (Saint Exupéry)
« Il est dommage que vous ne vous soyez jamais trouvé face au problème de la mort consentie. Vous auriez constaté que l’homme a besoin alors, non de haine, mais de ferveur. On ne meurt pas « contre », on meurt « pour ». Or vous avez usé votre vie à démanteler tout ce dont l’homme pouvait se réclamer pour accepter la mort. Non seulement vous avez lutté contre les armements, l’union, l’esprit de sacrifice, mais vous avez lutté encore contre la liberté de penser autrement que vous, la fraternité qui domine les opinions particulières, la morale usuelle, l’idée religieuse, l’idée de Patrie, l’idée de Famille, de maison, et plus généralement toute idée fondant un Être, quel qu’il soit, dont l’homme se puisse réclamer. Vous êtes partisan fanatique de la destruction absolue de tous ces ensembles. Vous êtes sans doute anti-naziste, mais au titre même où vous êtes anti-chrétien. Et vous êtes moins attaché à lutter contre le Nazisme que vous ne vous êtes acharné à ruiner les faibles remparts qui s’opposaient encore à lui.
(…)
Vous n’avez pas connu de Français qui acceptassent la mort. Or j’ai connu beaucoup de Français qui ont revendiqué le risque de mort, et sont morts. Je crois aux actes, non aux grands mots. Mes actes me prouvent tout simplement que mes amis valaient mieux que les vôtres. »
Lettre adressée par Antoine de Saint-Exupéry à André Breton en 1941.